Henri Hertz (1875 - 1966)

Né le 17 juin 1875 à Nogent-sur-Seine, d'une famille juive lorraine, Henri Hertz rencontra au lycée de Rennes Alfred Jarry dont il devint l’ami et le condisciple.

L’affaire Dreyfus marqua fortement l’adolescent… Fils de militaire, il prit alors conscience de son judaïsme et de ses implications politiques.

Installé à Paris en 1895, il collabora aux grandes revues littéraires telles que la Revue générale Internationale de Louis Gastine, Mercure de France ou encore la Revue blanche à partir de 1901.

La vie parisienne et journalistique permit à Henri Hertz de se lier avec André Salmon, Georges Duhamel et Max Jacob, qui le tenait pour « l’un des plus singuliers [écrivains] du moment ». Il publia ses premières œuvres en 1906 mais il ne fut remarqué qu’à partir de 1912 avec Les apartés, œuvre emplie d’un humour grinçant et de sombres pressentiments. La critique le salua alors comme le meilleur recueil de vers de l’année.

Il rencontra par la suite Aristide Briand et, sous son égide, participa à La Démocratie Sociale puis à La Phalange, revue représentative du mouvement néo-symboliste.

La majeure partie de son œuvre – poèmes, essais, contes, nouvelles et romans – se situe entre l’après-guerre et le début des années trente : Lieux communs, Barbusse, Degas, Le guignol horizontal, Enlèvement sans amant, etc. En 1939, il fut lauréat du Prix Mallarmé – l’une des plus prestigieuses distinctions poétiques françaises – pour son recueil Passavant.

Parallèlement, Henri Hertz entreprit une carrière de journaliste international. Il entrevit dès 1922 les dangers de la naissance du fascisme en Italie et participa en 1925 à la création du Comité d'Action France-Palestine. Il fut, plus tard, secrétaire général de la section française du Congrès juif mondial.

L’engagement d’Henri Hertz face à la montée des périls qui secouèrent l’entre-deux-guerres, se poursuivit encore de 1940 à 1944 par une activité clandestine intense. Après la libération, il resta hanté par les déchaînements de violence provoqués par le nazisme et rédigea un document qui fut communiqué aux jurés du procès Pétain, Les juifs à la barre, dans lequel il parla « au nom de tous les juifs de France » ; en 1952 encore, il donna à la revue Quand même un article contre le racisme, Ce petit mot.

Son œuvre journalistique (collaboration à la revue Europe) et littéraire (La tragédie des Temps volages – morceaux choisis publiés en 1955, étude sur le peintre Zarfin en 1963) se continua jusqu’à sa mort, le 11 octobre 1966.

Michel Decaudin, professeur émérite de lettres à la Sorbonne le décrivait : « Tiraillé entre l’ironie et l’attendrissement, la mélancolie et la confiance en l’avenir […] Henri Hertz est au carrefour des incertitudes et des espérances de la poésie moderne ».

Robert Sabatier, de l’Académie Goncourt, dans son Histoire de la poésie française - La poésie du XXe siècle en disait : « Mais il y a chez cet homme libre et généreux d’autres aspects : il est un vengeur de l’homme, un destructeur d’impostures, voire un anarchisant apportant sans cesse un message d’amour humain. Sa poésie est parfaitement originale et les témoignages le concernant l’indiquent ».

Poète, écrivain, journaliste, Henri Hertz fut le témoin engagé de son époque alliant une plume sarcastique et amère à un esprit ouvert, généreux et libéral, qui sut prendre le parti des faibles et des opprimés contre l’autoritarisme et toutes les formes d’exclusion de la fin du XIXe et la première moitié du XXe siècle.

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